Voilà maintenant quelques décennies, les bébés faisaient leur entrée à la bibliothèque : c'était les années 80, on découvrait que « Le bébé est une personne » et donc pourquoi pas un lecteur ? Depuis, les bébés ont imposé leur présence et aujourd'hui toutes les bibliothèques proposent des collections pour les tout-petits, le plus souvent un espace dédié et parfois même des animations spécifiques.
Pour autant, les bébés sont des lecteurs avec des besoins particuliers et leur accueil suscite encore souvent beaucoup de questions.
Accueillir des bébés, c'est d'abord proposer des lieux adaptés : un coin bien délimité, avec des coussins, des tapis, des petites chaises ou des poufs, mais aussi des bacs à bonne hauteur, celle des petites mains. Quand cela est possible, un local poussette ainsi qu'une table à langer seront un plus indéniable.
Bibliothèque de Sainte-Marie-de-Ré
Mais accueillir un tout-petit c'est aussi accueillir l'adulte qui l'accompagne : une présentation des services et des animations est bienvenue, ainsi qu'une visite guidée, en présentant à la fois l'espace pour les tout-petits et celui pour les adultes.
Les jeunes parents ou les professionnels débutants se posent souvent beaucoup de questions : l'enfant ne risque-t-il pas de faire trop de bruit ? que faire s'il déchire un livre, s'il vide tous les bacs ? Il est essentiel de les rassurer en leur expliquant que si les bibliothèques accueillent des tout-petits c'est en conscience du bruit, de l'agitation et des « dégâts» éventuels, tout en soulignant le rôle qu'eux-mêmes ont à jouer dans cet apprentissage de lecteur en bibliothèque.
Ces conseils peuvent même prendre la forme d'un guide d'accueil, dans lequel on peut inclure une petite bibliographie sélective. En effet, les interrogations portent aussi souvent sur les livres : lire à des bébés, oui, mais quoi ?
Proposer un accueil et des collections adaptées est une première étape mais on peut aussi aller plus loin en mettant en place un certain nombre d'actions et de partenariats avec comme objectif de répondre à la demande des publics fréquentants mais aussi de toucher ceux qui sont plus éloignés du livre.
La lecture à haute voix, parce qu'elle suscite chez l'enfant le goût des mots et une curiosité pour l'écrit, facilite l'acquisition du langage et de la lecture. Elle aide ainsi à prévenir l'échec scolaire et l'illettrisme ainsi que toutes les exclusions qui en découlent : l'association A.C.C.E.S, Actions Culturelles Contre les Exclusions et les Ségrégations, en a fait sa raison d'être. Et parce que la lecture donne accès à l'imaginaire, à soi-même et aux autres, elle aide aussi à un bon développement psychique et affectif. Permettre à tous les enfants de côtoyer les livres dès le plus jeune âge apparaît donc indispensable.
Pour cela, on peut nouer des partenariats très divers : RPE, PMI, crèches, ludothèques, associations en faveur de la lecture, associations d'aide à la parentalité, etc.
Quand il n'est pas possible de mener des actions d'envergure ou de long terme, les partenaires peuvent juste servir de locaux d'accueil ou de relais d'information mutuels : accueil d'un café des parents dans les locaux de la bibliothèque, dépôt de documents de communication à la PMI, temps d'information à l'heure des parents à la crèche en début d'année, etc.
Avec ou sans partenaires, on peut mener des actions ponctuelles et des actions régulières.
Pensées comme des temps forts, les premières ont vocation à donner une visibilité plus grande à la bibliothèque et donc à toucher un public plus large.
Cela peut être un Mois de la petite enfance, un Festival des tout-petits ou encore un salon des bébés lecteurs, avec des actions destinées aux tout-petits (spectacles, temps de lectures) mais aussi aux adultes (conférences, rencontres, expos).
Cela peut aussi être la remise d'un livre de naissance à tous les enfants nés dans l'année dans une collectivité territoriale (municipalité, communauté de communes, département ...) : l'idéal étant de l'assortir d'une carte de lecteur et d'un petit guide dédié, le tout remis à la bibliothèque en mains propres. Le public touché est le plus large qui soit et la portée symbolique forte.
Et pourquoi pas un Prix littéraire destiné aux tout-petits ?
Les actions récurrentes jouent un rôle différent en permettant de faire un travail de fond et de fidélisation. Elles contribuent aussi fortement à l'identité de la bibliothèque.
L'action la plus répandue est celle du temps de lecture qui peut prendre la forme soit d'une lecture collective, soit d'une lecture individuelle.
Concernant la lecture collective sur le modèle de l'heure du conte, l'essentiel est qu'elle ne soit pas trop longue et bien rythmée. On peut l'agrémenter de comptines et jeux de doigts ou même utiliser du matériel d'animation.
Bibliothèque de Saint-Pierre-d'Oléron
Mais on peut aussi proposer des animations lectures avec lecture individuelle.
De quoi s'agit-il ? Pratiquées par les associations d'éveil au livre comme A.C.C.E.S ou L.I.R.E ou , il s'agit de séances de lecture ou tous les adultes présents sont invités à lire aux tout-petits: bibliothécaire(s), partenaire éventuel (responsable de RAM, lectrice d'une association, etc.) mais aussi adultes accompagnants. Des livres soigneusement choisis sont mis à disposition des enfants dans un espace dédié et la séance peut aussi être ponctuée de temps plus collectifs comme des comptines.
Les avantages de ce type d'animation sont nombreux.
L'enfant, tout d'abord, bénéficie d'une réelle liberté. Il est libre de bouger et de toucher les livres, or les tout-petits ont souvent une écoute motrice et la manipulation permet l'appropriation. Il peut aussi choisir librement son livre, le relire ou l'arrêter s'il le souhaite et il peut même choisir son lecteur, avec lequel il peut avoir une proximité physique qui convient bien à ses besoins.
Pour l'adulte aussi, ces séances sont intéressantes car en participant, il se « forme » : il découvre des livres qu'il ne soupçonnait pas, quels sont ceux que son enfant préfère et Il peut aussi être conseillé sur la manière de lire à des bébés et ainsi prendre confiance dans ses aptitudes de parent lecteur.
Quant au bibliothécaire et à son partenaire, ils bénéficient d'un observatoire des goûts et des comportements des tout-petits très formateur, tout en ayant la possibilité de nouer une relation privilégiée à la fois avec l'enfant et avec l'adulte.
Au-delà des bienfaits du livre, venir à la bibliothèque c'est aussi se forger une « culture » de lecteur : quand on a eu une carte de bibliothèque dès le plus jeune âge, avec une fréquentation familiale et pas seulement scolaire, on aura plus facilement le réflexe de se tourner vers ce lieu ressource quand on en aura besoin au cours de sa vie.
Disponibles au prêt à la Médiathèque départementale :
Les tapis et tabliers de lecture
Pour aller plus loin :
Marie-Christine - Mai 2018 / Mise à jour juillet 2024