Depuis longtemps les classiques de la littérature ont fait l'objet d'adaptation en images que ce soit sous forme de dessins animés ou de bandes dessinées. Passer de l'écriture à l'image, l'idée est séduisante mais lorsque l'adaptation prend la forme de manga, elle est confrontée à deux principaux écueils : comment faire pour adapter l’œuvre sans en trahir l’esprit et ensuite comment rendre l'oeuvre attractive pour la jeunesse ?

Il n'est en effet pas évident de sensibiliser les adolescents à des œuvres anciennes sans les rendre indigestes par un côté scolaire qui voudrait qu’un jeune qui lirait « les Misérables », par exemple, le fasse parce qu’ « il le faut », que « c’est bien », que c’est de « la bonne culture » alors que les jeunes ont une culture plus visuelle aujourd’hui et que les intéresser à ces titres classiques est un combat quotidien?

Toujours en recherche de nouveaux thèmes à proposer, les mangakas se sont essayé à l’adaptation de classiques et certains arrivent à des résultats très satisfaisants.

Adapter des romans classiques en manga est plutôt une bonne idée.Tout d’abord, on peut saluer la collection classique de l’éditeur Soleil. Cet éditeur est souvent décevant dans le domaine du manga mais saluons cette collection car elle permet de découvrir des œuvres souvent complexes rapidement et sans en trahir le sens.

Parmi les titres proposés on notera des ouvrages comme « Le Capital » de Karl Marx ou « Le Prince » de Machiavel, deux titres qui ont fait l’objet d’un coup de cœur de la MD17 sur le portail Internet, mais aussi « Le Rouge et le Noir » de Stendhal et « Guerre et Paix » de Tolstoï.

Inutile de dire qu’il est impossible de retranscrire les mille pages de « Guerre et paix » de manière complète en 200 pages de manga, mais cela permet de faire découvrir, à des jeunes mais aussi à des adultes, ces titres dont l’épaisseur décourage plus d’un.

Parmi les derniers titres de cette collection, on note une excellente adaptation de « Orgueil et Préjugés » de Jane Austen réalisée par une passionnée de l’œuvre d’Austen.

Ce titre fait particulièrement bien ressentir les sentiments des deux personnages principaux, l’orgueil de Darcy, son coté revêche et les préjugés d’Elisabeth ainsi que son attachement à sa famille notamment ses sœurs.
Comme on l’a vu avec l’adaptation de Marx ou de Machiavel, Soleil ne propose pas que des romans mais aussi des textes de philosophie (Descartes, Nietzsche), des thèses scientifiques (Darwin, Einstein) mais aussi des textes religieux (Bouddha, la Bible..). Une démarche très pédagogique!

Les œuvres que Soleil éditent viennent toutes d’un même studio (varity work) ce qui leur donne un côté standardisé et en fait l’équivalent de la collection « Que sais-je » bien connue des étudiants.

Heureusement, un autre éditeur s’est lancé dans l’adaptation de classiques, Nobi-Nobi avec, lui aussi, une collection classique.A la différence de Soleil, cet éditeur se tourne pour l’instant plus vers des œuvres destinées initialement à la jeunesse comme, par exemple, « Le Merveilleux voyage de Nils Holgersson », « Heidi », « Les Quatre filles du docteur March », « Le Magicien d’Oz » etc. Les dessins sont un peu mieux travaillés à la façon des mangas.

Dans cette collection nous avons particulièrement apprécié l’adaptation de « Jane Eyre » de Charlotte Brontë.

A ce jour, l’adaptation la plus aboutie, la plus réussie est celle des « Misérables » de Victor Hugo. C’est d’ailleurs le seul titre que l’on retrouve en commun dans le catalogue de Soleil et dans celui de Nobi-Nobi et c’est pourtant Kurokawa qui propose la meilleure œuvre de toutes avec une série en 8 tomes.

Adaptation faite par Takahiro Arai, déjà connu pour l’adaptation en 12 tomes des romans pour adolescents, Darren Shan, réussit le tour de force de retranscrire l’œuvre d’Hugo d’une façon fidèle et incroyablement puissante.

Le dessin se trouve être ici une force qui sublime chacun des personnages de l’écrivain et fait avancer l’histoire tout en donnant aux lecteurs une idée précise des sentiments des personnages. On retrouvera chaque épisode, chaque protagoniste de l’histoire dans des scènes d’anthologie.

 La principale force de ce titre n’est pas d’être une adaptation mais d’être une œuvre originale écrite dans les années 2000 par un Victor Hugo réincarné. En 8 tomes, soit presque 2000 pages de bande dessinée, le japonais a le temps de bien traiter l’œuvre du français et de lui rendre hommage.

De nouveaux titres apparaissent chaque mois dans les catalogues des éditeurs mangas comme une adaptation du « Comte de Monte-Christo » ou « Le Requiem du roi des ronces » adaptation libre du Richard III de Shakespeare, la particularité de toutes ces œuvres est d’être simple et agréable à lire, d’instruire sans faire fuir.

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