Un homme chante et joue de la lyre pendant que Rome brûle, Néron serait son nom...du moins c'est ce que tout le monde croit.
Avec Caligula, l'empereur romain Néron fut qualifié par Pline l'ancien de "Fléaux du genre humain" . Dans l'imaginaire collectif, ne restent de son règne de 13 ans que quelques faits marquants et une idée du personnage un peu stéréotypée.
Les plus anciens d'entre nous ont peut-être encore dans l'esprit l'image du Néron joué par Peter Ustinov dans Quo Vadis (1951), un Néron pleurnichard, caractériel, influençable et enfantin.
Quand on parle de Néron, ce qui vient en premier est:
- le fait qu'il ait fait assassiner sa mère, Agrippine la Jeune et sa femme Octavie ainsi que son frère adoptif Britannicus
- l'incendie de Rome
- la persécution des chrétiens
- son coté artiste en dehors des réalités.
- son amour pour Poppée, l'intrigante.
Il se trouve que la plupart de ce qu'on reproche à Néron est exact mais le personnage est largement plus complexe que ce que l'on imagine.
On ne sait pas, par exemple, que les cinq premières années de son règne furent presque un âge d'or, de paix et de prospérité ou Néron, avec l'aide de son mentor Sénèque, régna avec sagesse. Il fut très populaire pendant ces quelques années. L'empereur eut quelques décisions économiques heureuses, promut les arts et des innovations techniques, eut quelques brillantes idées comme celle du canal de Corinthe qui ne fut accompli qu'au XIXème siècle.
Concernant l'incendie de Rome, Néron est sans doute largement innocent. Ce sont vraisemblablement les actions de coupe-feu qu'il a ordonné en faisant brûler quelques bâtiments pour éviter la propagation de l'incendie qui lui ont valu sa réputation.
Il y eu pourtant un moment,un point de bascule, où faute de garde-fou, il découvrit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait et éliminer qui il voulait sans conséquence et ce jeune homme doué bascula sur la pente du crime.
Le livre de Catherine Salles rétablit quelques vérités et dresse un portrait pertinent de cet empereur méconnu. Le livre est court, facile à lire, et se focalise sur la personnalité du personnage. Catherine Salles, avec Virginie Girod s'inscrit dans cette nouvelle école d'historiennes qui s'attellent à expliquer l'histoire plus par la psychologie des protagonistes que par l'explication de successions de faits et de dates. C'est une approche intéressante qui permet à de nouveaux publics de lire de l'Histoire sans être rebutés par l'aridité de certains textes.
Sans le rendre pour autant sympathique, c'était un authentique criminel homicides, le livre permet de mieux comprendre cet empereur artiste. Le monde aurait sans doute été mieux portant s'il n'avait pu être que chanteur ou danseur.
Les plus courageux pourront approfondir leurs connaissances avec l'autre livre de Catherine Salles: "Et Rome brûla" sur l'incendie de 64.