Dans ce court manga Mariko Kikuchi nous livre le récit autobiographique de sa vie avec son père alcoolique.
Depuis sa plus tendre enfance Mariko n’a pratiquement jamais vu son père sobre. Il n’est pas violent, pas forcément agressif mais juste dans les vapes, indifférent ou avec l’air hébété. Il ne s’occupe pas d’elle ni de sa plus jeune sœur et fait venir ses compagnons de beuveries pendant de longues heures à la place. La mère fait, elle, partie d’une secte et essaye de faire bonne figure sans réel succès car elle reporte sa souffrance sur ses enfants sans même dire un mot.
Après le suicide de sa mère, qui va laisser les deux fillettes seules avec ce père alcoolique, la vie de l’auteur ne s’est pas franchement amélioré. Elle a ainsi vécu 9 ans avec un homme violent et qui boit aussi, recherchant l’amour de ce père à travers un homme similaire. Elle souffrira d’un isolement et d’un manque de confiance chronique mais rassurez vous, ce long tunnel a pris fin à un moment et s’est apaisée que Mariko Kikuchi peut en parler dans ce manga.
Si le récit est assez poignant, il ne verse pas pour autant dans le pathos et s’attarde plutôt sur l’état d’esprit de cette femme à l’époque.
L’absence d’amour et cette situation va lui permettre de mettre en avant des notions psychologique intéressantes comme celle des parents toxiques, de l’impuissance apprise, de la dépendance affective, du manque de confiance, de la dévalorisation mais aussi de casser certaines pensée qu’elle avait intériorisé et qui participait à une vision déformée de la réalité. « J’ai quand même de bon souvenirs avec lui » pensait elle plus jeune, « oui enfin, proportionnellement c’est comme si tu te réjouissais de recevoir cent euros après en avoir déboursé 10 000 » prendra t’elle conscience plus tard etc.
Une nouvelle preuve supplémentaire que les mangas peuvent nous éclairer sur de nombreux sujets.
- Kikuchi, Mariko .-Mon père alcoolique et moi .-Akata éditions.- 142 P.- 6€95 .-2018
Vincent Ballet