En 1961, la philosophe juive allemande Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par le New Yorker pour couvrir le procès d'Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Les articles qu'elle publie et sa théorie de "La banalité du mal" déclenchent une controverse sans précédent. Son obstination et l'exigence de sa pensée se heurtent à l'incompréhension de ses proches et provoquent son isolement.

 Hannah Arendt [Images animées] / Margarethe von Trotta, réal.- Blaq Out, 2013.- 2 DVD vidéo : Couleur ; 113'. 62€ 
Entretien avec Margarethe von Trotta, Documentaire sur Hannah Arendt, Bandes-annonces. - Sous-titres pour malentendants : Français. -

Ce film a été récompensé :

  • Prix France Culture à la réalisatrice Margarethe von Trotta – Festival de Cannes 2014
  • L’ European Film AWARD – Prix du cinéma européen 2013
  • Festival International du Film de Toronto 2012
  • Festival international du Film d’histoire – Pessac 2012

wikipediaMargarethe von Trotta est née le 21 février 1942. Fille du peintre Adolf Roloff. Elle est élevée par sa mère à Düsseldorf. Après son baccalauréat, elle commence des études d’arts plastiques, puis s’installe à Munich et étudie la philologie des langues germaniques et romanes. Puis elle entre au conservatoire d’art dramatique et obtient son premier grand rôle en 1964. Elle se marie avec le scénariste Felice Laudadio. En 1971, elle épouse en seconde noce Volker Schlöndorff dont elle divorcera en 1971. Elle résidera par la suite en Italie puis en France, à Paris, où elle demeure à ce jour.
Comme actrice, elle tournera avec les réalisateurs Herbert Arternbusch, Rainhard Hauff et Rainer Fassbinder.
On retiendra de cette réalisatrice quelques films marquants :

  • 2012 Hannah Arendt
  • 2004 Rosenstrasse
  • 1986 Rosa Luxembourg
  • 1975 L’Honneur perdu de Katharina Blum en co-réalisation avec Volker Schlöndorff

wikipediaHannah Arendt, née Johanna Arendt à Hanovre le 14 octobre 1906 et morte le 4 décembre 1975 à New York, est une philosophe allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité. Elle est issue d’une famille bourgeoise et cultivée, ses grands-parents et parents étaient des juifs laïcs. Elève brillante et non –conformiste, en 1924 après avoir obtenu son Abitur (baccalauréat), elle étudie la philosophie, la théologie aux universités de Marbourg, Fribourg-en-brisgau et Heidelberg. Elle y suit les cours de Heidegger, Husserl et Karl Jasper. Hannah Arendt sera très proche affectivement et intellectuellement de son maître Heidegger qu’elle admirera et défendra toute sa vie durant. Elle se marie en 1929 avec le philosophe Günther Stern. Elle fréquente les milieux sionistes aux côtés de Karl Blumenfeld, collectant les témoignages de la propagande antisémite, elle est arrêtée par la Gestapo puis relâchée faute de preuves.

Que nous rappelle Margarethe von Trotta à travers son film sur Hannah Arendt ?
Elle nous remet en mémoire le parcours de Hannah Arendt, juive allemande qui fuit le nazisme pour se réfugier en France où elle va, au côté de Germaine de Rothschild, secourir les juifs fuyant l’Allemagne. En 1940, elle est internée dans le camp de détention de Gurs par le régime de Vichy. A la suite de son évasion, elle gagne Montauban puis Marseille et les Etats-Unis avec son mari par l’intermédiaire du centre américain d’urgence Varian Fry. Cet éloignement lui permet de prendre du recul face à ce qui se déroule en Europe.

En 1951 elle publie "Les origines du totalitarisme".
En 1958, "Conditions de l’homme moderne".
En 1961, un recueil de textes intitulé "La Crise de la culture ".
En 1963, elle couvre à Jérusalem le procès du nazi Adolf Eichmann. Elle voit en lui l’incarnation de ‘’la banalité du mal’’. Ses prises de position lors du procès, et les articles qu’elle publie sont controversés, dédouanant Eichmann de sa barbarie envers les Juifs, et toutes races ‘’inférieures ‘’ à l’idéal aryen.

Dans les dernières images de son film, Margarethe von Trotta explicite la pensée de Hannah Arendt. Les propos de la Philosophe énoncés ici, se résument ainsi : pour Arendt, Eichmann est un homme tristement banal, un petit fonctionnaire ambitieux et zélé, soumis à l'autorité, incapable de distinguer le bien du mal. Il adhère pleinement au système totalitaire, bureaucratique et servile. Cette attitude devient monstrueuse lorsqu’elle coïncide avec l'absence de pensée. Le mal devient alors une aliénation volontaire qu'Arendt décrit comme la banalité du mal.

Margarethe von Trotta prête à son actrice incarnant Hanna Arendt, ces propos : ‘’Depuis Socrate et Platon on considère la pensée comme le fait de mener un dialogue silencieux avec soi-même, en refusant d’être un être humain Eichmann a complètement abandonné cette qualité humaine caractéristique qui consiste à pouvoir penser.[…] le souffle de la pensée ne se manifeste pas dans le savoir mais dans la capacité de distinguer le bien du mal, la beauté de la laideur.’’
La monstruosité d’un régime peut parfaitement s’appuyer sur le travail ordinaire de fonctionnaires zélés et ambitieux, se soumettant aux ordres. Pas besoin de haine ou d’idéologie pour expliquer le pire, la soumission suffit. Un autre mécanisme intervient dans le passage à l’acte : plus les bourreaux se sentent étrangers aux victimes, plus il est aisé de les éliminer. Dès que la notion de distance se crée entre le eux et le nous, dès qu’un groupe n’est plus inclus dans l’humanité commune, tout devient possible. Margarethe von Trotta fait dire à son actrice qu’Eichmann a commis un crime contre l’humanité à l’égard des Juifs, parce qu’il leur a refusé une existence humaine. Hannah Arendt dit qu'Eichmann doit être condamné pour n'avoir pas voulu partager la terre avec d'autres peuples. La banalité du mal n'est donc pas la « banalisation » du mal. Il s'agit plutôt des cas où le mal est protégé par la loi et fait l'objet de toute une propagande, de toute une idéologie, de tout un système étatique, que des individus servent avec conviction et auxquels ils croient aveuglément :le concept de banalité du mal ne disculpe pas les auteurs de crimes.

Outre le témoignage historique que nous donne à voir la réalisatrice, c’est bien une mise en garde universelle qu’il nous est donné de méditer.

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