Octobre, c'est le mois de l’Imaginaire !
Imaginaire : terme qui recouvre dans cet article les genres de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique = SFFF
En 2017, parce que l’union fait la force (et pour que la Force soit avec eux), les éditeurs de l’Imaginaire se sont regroupés lors des premiers Etats Généraux de l’Imaginaire autour d’un triste constat : alors qu’au cinéma la SF, la fantasy et le fantastique triomphaient au box-office, la littérature peinaient à sortir d’une image entachée de clichés. Cette phrase est à l’imparfait uniquement pour la concordance des temps puisqu’aujourd’hui encore, malgré de grands succès issus de ces genres (Les furtifs de Damasio, La servante Ecarlate de Margaret Atwood, pour ne citer qu’eux), les critiques littéraires ne se penchent toujours pas beaucoup sur le berceau des éditeurs de l’imaginaire comme une marraine-la-bonne-fée.
En 2017 donc, les éditeurs décident de lancer un contre-point à la rentrée littéraire, on entend par là, la rentrée de la littérature blanche, non genrée ou encore mainstream : le mois de l’Imaginaire était né ! Et il a lieu depuis lors chaque année en octobre. Page facebook du Mois de l'imaginaire/
Et comme nous sommes en octobre, c’est bien là l’occasion de faire un petit tour d’horizon de ces littératures …
L’observatoire de l’Imaginaire : les chiffres
L’observatoire de l’Imaginaire, bien qu’un excellent titre pour un roman de fantasy, est en réalité une enquête annuelle ayant pour but d’avoir des données fiables et quantifiables sur les genres publiés, sur la parité dans les genres, sur la proportion adulte/jeunesse ou encore sur la présence des littératures de genre dans les media non spécialisés.
Bref, de pouvoir parler en connaissance de causes et non selon des intuitions.
Petit récap’ de l’enquête 2020 :
Environ 2000 titres relevant des littératures de l’imaginaire (hors BD et mangas) ont été publiés en 2020 dont 25% sont des titres jeunesse (enfant à young adult). 2000 titres, c’est 8,3% de la production de littérature tout de même en 2020.
La SF est le premier genre publié (40%) devant le fantastique (30%) et la fantasy (20%) (oui, vous qui avez fait le calcul, la somme n’est pas 100% puisqu’il faut ajouter les ouvrages hybrides !)
Les auteurs francophones représentent près de 60% des auteurs édités et les nouveautés, plus de la moitié des productions !
25% sont des ouvrages publiés chez des éditeurs de littérature blanche, sans notion de genre affiché.
Etude de 23 médias généralistes, et constat assez flagrant : seulement 4% des articles traitent de fiction issue des littératures de l’imaginaire. Et pire, 60% de ces articles évoquent des titres parus dans des éditions mainstream ! Conclusion : la presse généraliste parle très peu des maisons d’édition et collections spécialisées SFFF. Et pour aller plus loin, les 16 titres les plus relatés dans la presse sont issus d’éditeurs mainstream...
La présentation vidéo des chiffres 2020
Il est urgent de sortir de l’ombre quelques maisons que l’on apprécie pour leur travail de qualité !
Des maisons et des visages : focus sur 3 maisons d’édition de l’imaginaire
Les Moutons Electriques
Maison d’Aquitaine, puisque Les Moutons se sont installés à Bordeaux il y a quelques temps déjà, fondée en l’an de grâce 2003 par André-François Ruaud et Patrick Duvic. Mr Ruaud est le pivot de cette maison qui a connu plusieurs équipes et qui est aujourd’hui co-dirigée par Melchior Ascaride (également le graphiste principal), Mérédith Debaque et Andre-François Ruaud.
La maison produit des ouvrages soignés, parfois dans de très belles éditions reliées. Les collections se sont développées avec le temps : de la bibliothèque Voltaïque qui vous entrainera dans une fiction SFFF servie par de belles plumes (Jean-Philippe Jaworski, Stefan Plateau...), à la bibliothèque des Miroirs, livres documentaires de qualité consacrés aux thèmes, personnages et créateurs de la culture pop et geek ; faisant depuis les origines la part belle à l’iconographie et à l’illustration, des collections graphiques ont vu le jour avec les Artbooks féériques et la Bibliothèque dessinée.
En 2012, les Moutons Electriques se rapprochent des éditeurs ActuSF et Mnémos dans le collectif : les “Indés de l’imaginaire”. Celui-ci permet aux 3 maisons de développer une collection poche commune et de mutualiser leurs moyens en termes de promotion et de communication.
Les indés proposent régulièrement des catalogues communs et L’indé de l’imaginaire, publication gratuite à retrouver dans les librairies de France et de Navarre. Le nouvel Indé de l’imaginaire est d’ailleurs tout juste sorti et met en lumière la “rentrée de la fantasy”, évènement récurrent des Indés !
Le Belial' et la collection “une heure lumière”
Le Bélial', c’est une maison d’édition (avec Olivier Girard aux manettes) créée en 1996, à l’origine pour publier la revue “Bifrost” et qui, dès 1998, a édité des romans.
Pour parler de Bifrost, je laisse la parole à ceux qui publie cette revue (parce que tout ce qu’ils en disent est vrai !) :
“Bifrost, c’est tous les trois mois depuis avril 1996, et sur près de deux cents pages, l’actualité des mondes de l’imaginaire, la publication des meilleurs auteurs du moment, français et étrangers, des interviews, des critiques de livres, des articles de vulgarisation scientifique, sans oublier des dossiers complets sur ceux qui font les littératures de genre, de Philip K. Dick à Ursula K. Le Guin, de J.R.R. Tolkien à George R.R. Martin, H.P Lovecraft ou Stephen King. Bifrost, c’est enfin un ton, une approche critique tranchée et sans compromis, avec l’ambition nette d’orienter l’amateur des littératures de genre dans la jungle de publications sans cesse plus nombreuses en pointant le bon, voire l’excellent, aussi bien que le mauvais.
Aujourd’hui, plusieurs dizaines de références à son catalogue, un prix spécial du Grand Prix de l’Imaginaire pour la publication des inédits de Poul Anderson, et Bifrost sacrée meilleure revue européenne par le prix Eurocon 2016, le Belial’, c’est tout simplement une maison incontournable dans le paysage de l’imaginaire français.
Mention spéciale pour une de ses collections formidables : une heure lumière
Collection de novella de SF, textes courts (entre la nouvelle et le roman), denses, riches, par de grands auteurs de l’imaginaire, très souvent primés pour ces textes.
NB : Le Belial’ publie surtout de la SF
La collection une heure-lumière à la MD17
ActuSF
ActuSF souffle cette année ses 21 bougies. A l’origine, il y a une bande de copains, dont fait partie Jérôme Vincent (directeur des éditions ActuSF), passionnés de littérature de l’imaginaire. Leurs échanges aboutissent bientôt à la création d’un fanzine et à un site au tournant des années 2000. Actusf.com était né.
Ce site est une mine d’informations sur les mondes de l’imaginaire. Je parle ici de monde et non pas de littératures puisque le site aborde aussi bien le cinéma, les séries, les romans, les BD, les évènements... de ces univers transmédiatiques par excellence. Vous trouverez par ailleurs de nombreuses captures de conférences qui se sont déroulées aux Utopiales ou encore aux Imaginales, etc...
En parallèle du site, l’activité d’édition se développe. Nouvelles, novellas, guides de lecture et bientôt romans, anthologies, romans jeunesse. Récemment, une nouvelle collection lancée grâce à une campagne de crowdfounding, ActuSF graphics, est composée de textes courts avec illustrations inédites !
