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Cette année, le Festival International du Film de La Rochelle jette un coup de projecteur sur l’œuvre cinématographique de Jean VIGO : la médiathèque départementale de Charente-Maritime en profite pour revenir sur le parcours du réalisateur et sur ses films phare.

 ‘’Une légende s’est formée autour de Jean Vigo, suscitée par le caractère exceptionnel de sa vie brève et rude à l’image de ses films’’ Ado Kyrou (1)

Jean Vigo est né à Paris en 1905, il est le fils de Eugène Bonaventure Vigo, dit ALMEREYDA, anarchiste et directeur des journaux : La guerre sociale et Le bonnet rouge.

En 1917, ce dernier, face aux horreurs de la guerre, milite en faveur du pacifisme, il est emprisonné à Fresnes où il est assassiné.

Jean Vigo passe une enfance misérable, dans une semi-clandestinité. Il faudra attendre dix ans avant que le réalisateur puisse se consacrer à la réhabilitation de son père. A partir de 1932, Vigo est membre de l’association des écrivains et artistes révolutionnaires. Et malgré sa maladie, il donne une œuvre fulgurante d’une exceptionnelle qualité.
Il meurt à l’age de 29 ans de tuberculose chronique. Nous retenons de lui L’Atalante et Zéro de conduite.

’’Incompris et persécuté avant d’être reconnu comme la gloire du cinéma français, [Jean Vigo ] aura du attendre près de trente ans pour se dégager de la gangue des critiques plus soucieux d’annexer les œuvres que de les analyser lucidement.’’(Avant scène cinéma n° 21)

‘’Il est donc sans doute nécessaire et opportun de démystifier VIGO ou, plus exactement démythifier, c’est à dire de remplacer le demi-dieu par l’homme l’artiste maudit par le combattant lucide.’’ (1966- Extrait du n°17 de l’Anthologie du cinéma)

Filmographie

En 1930, il réalise A propos de Nice, court métrage de 25’, virulente satyre sociale très engagée pour l’époque. Parallèlement, il fonde un ciné-club à Nice où il projette les documentaires de Joris Ivens, Henri Stork, Jean Painlevé ou encore Eisenstein.

1931, La Natation par jean Taris ou Taris, roi de l’eau, court métrage de 11’, reportage sur le champion de France Jean Taris. Les vues du nageur sont filmées par les hublots de la piscine du Sporting de Paris. Cette technique inaugure les plans sous-marins de séquences de l’Atalante.

En 1933, Zéro de conduite, moyen métrage de 41’. Ce moyen métrage permet à Vigo d’exprimer sa révolte et sa solitude contre les humiliations qu’il subit en internat durant ses jeunes années, dues au fait qu’il était le fils d’ Almereyda.
Jean Vigo va constituer le groupe d’amis qui le suivra par la suite : Pierre Merle, Henri Stork, le journaliste Charles Goldblatt, parolier de la chanson de l’Atalante. Mais celui qui va lui permettre de poursuivre son travail et qui croit en lui dès son premier film, A propos de Nice, est Jacques Louis – Nounez qui finance Zéro de conduite.
Jean Vigo était très content de pouvoir réaliser ce film illustrant sa propre enfance dans un collège.
Le film est frappé de censure totale, interdit dès sa sortie pour ‘’éloge de l’indiscipline et atteinte au prestige du corps enseignant’’.
L’interdiction ne sera levée qu’après la Seconde guerre mondiale en 1946.

1934, L’ Atalante, long métrage de 89’.Scénario et dialogues de Jean Vigo et Albert Riera d’après Jean Guinée, musique de Maurice Jaubert, paroles de Charles Goldblatt. Michel Simon dans le rôle du père Jules, Jean Dasté : Jean, Dita Parlo : Juliette, Gilles Margaritis :le camelot, Louis Lefèvre : le mousse.

Jean Vigo répond favorablement aux attentes de son producteur une nouvelle fois.
Le sujet du film ne prête pas à polémique et ne risque pas d’être censuré. On peut classer l’Atalante dans le genre mélodrame. Le film se déroule dans le milieu des bateliers (mariniers), une femme délaissée, séduite par un camelot de passage, fuit le quotidien, mais le rêve évanoui, la belle revient auprès de son mari grâce à l’intervention d’ un vieil homme admirablement campé par Michel Simon.
Vigo ne sombre pas dans le pathos, le film est d’une sensualité et d’une poésie que ne supportera pas la censure
L’Atalante est un film de commande, Truffaut déclare lors d’une interview qu’un deuxième film, s’il est une commande et réussi, montre le professionnalisme du réalisateur. La réponse à ce postulat est totalement concluante.
En conflit avec son monteur Louis Chavance que la Gaumont lui impose, Jean Vigo déjà très malade, et n’assiste pas à la première projection. Il décède le 5 octobre 1934, cependant il aura le temps d’approuver un premier montage du film.
A sa sortie, le film n’est pas projeté dans sa version intégrale par peur de la censure.
Après la mort de Jean Vigo, le film est dénaturé, ce n’est qu’en 1990 que l’on retrouve une copie du premier montage au British film institute que l’on peut visionner aujourd’hui en DVD.

L’Atalante demeure un chef d’œuvre cinématographique, plaidoyer pour un cinéma social vivant.


En 1951, le Prix Jean VIGO est créé par Claude Aveline (2), il récompense ‘’un réalisateur remarqué pour l’indépendance de son esprit et la qualité de sa réalisation’’.

Retenons quelques films notoires primés :
1954, Les statues meurent aussi d’Alain Resnais.
1956, Nuit et brouillard d’Alain Resnais.
1959, Le Beau Serge de Claude Chabrol.
1960, A bout de souffle de Jean-luc Godard.
1969, L’Enfance nue de Maurice Pialat.

 

(1) Adonis A. Kyrou, écrivain de cinéma, réalisateur français d’origine grecque. [1923-1985]
(2) Eugen Avtsine Poète, grand résistant, (réseau du Musée de l’Homme), ami du dessinateur Jean Bruller dit Vercors chez qui il publie aux Editions de Minuit.

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