Si Tolkien est reconnu comme le père de la fantasy – au même titre que Jules Verne est perçu comme le père de la science-fiction, il faut reconnaître William Morris comme son grand-père, tant son œuvre a influencé des auteurs considérés comme majeurs tels Clive Staple Lewis (1898-1963) auteur, entre autres des Chroniques de Narnia et John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973).
William Morris est un personnage complexe et fascinant, imaginez un homme qui serait un mystérieux et vertigineux mélange de Philippe Starck, Charles Baudelaire, George Orwell (pour la fibre politique)
Né le 24 mars 1834 à Walthamstow, il est tout au long de sa vie à la fois fabricant et designer textile, imprimeur, écrivain, poète, architecte, dessinateur, peintre, conférencier, traducteur et militant politique. Il côtoie les artistes préraphaélites dont son épouse est le modèle.
Il publiera des choses aussi diverses que Les Arts décoratifs, leur relation avec la vie moderne, il entend retrouver l’esprit des temps médiévaux où "le plus grand artiste restait un artisan et où l’artisan le plus humble était aussi un artiste". Il crée et réalise des motifs de papiers peints et de tissus d’ameublement inspirés de fleurs, de feuilles (ses œuvres sont exposées au Victoria and Albert Museum à Londres, mais il y a peut-être dans vos placards des mugs ornés de motifs crées par William Morris !).
Mais aussi des textes engagés comme L'âge de l'ersatz : et autres textes contre la civilisation moderne ou La civilisation et le travail où il critique le productivisme industriel et réfléchit sur la valeur réelle du travail.
Mais c’est du coté de textes comme Le lac aux îles enchantées ou le puits au bout du monde que les éditions Aux forges de Vulcain ont eu la brillante idée d’éditer ou de rééditer (en attendant la traduction de The Well beyond the world) qu’on trouvera les prémices de ce qu’on nomme aujourd’hui heroic fantaisy, dans ses constructions romanesques William Morris fait référence au merveilleux oriental (Mille et une nuits) et à un moyen âge idéalisé, il y introduit une magie qui est très liée à la nature connaissance des herbes, équilibre des éléments, etc.). Dans Le puits au bout du monde, la visée initiatique est évidente, et même si les valeurs mises en avant peuvent avoir un côté désuet, la lecture de cet "objet patrimonial" reste plus qu’agréable.
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