Salon du livre de Paris , Journée professionnelle du lundi 8 mars, table ronde sur le thème" Les Bibliothèques municipales vues par les non-usagers"

 Contexte :

A l'heure de la mutation perceptible des comportements des publics : baisse du nombre d'inscription en bibliothèque, attentes de la population sur la réorganisation des accès ( heures et jours d'ouverture), les professionnels du livre et les politiques se posent la question de l'utilité des bibliothèques à l'heure d'internet , du sens des bibliothèques et de la proportion usagers /non-usagers.

 

Ces non-usagers ne sont plus seulement des publics éloignés de la lecture (géographiquement, socialement) ni même des publics empêchés.

 

Dans une étude quantitative réalisé par MTO pour le Service du livre et de la lecture,

Entre 1997 et 2016, la proportion des français sondés ayant fréquenté une bibliothèque au moins une fois dans l'année est passé de 26% de la population à 40 % , contexte favorable à la fréquentation des bibliothèques.

Les non-usagers sont passés de 36 millions en 1997 à 26 millions en 2016.

 Parmi les non-usagers , 16 % n'ont jamais mis les pieds dans une bibliothèque mais 67 % des sondés pensent que les bibliothèques sont utiles à tous  et 24 % utiles à certains.

 Avoir une bibliothèque sur sa commune c'est indispensable pour 34 % et pour 51 % utile mais pas indispensable.

 

Ipsos a fait une étude qualitative ( 32 personnes interrogées de Caen, Limoges, Dijon, de communes de Seine-Saint Denis, pour un échantillon diversifié)

Première constatation :  ces personnes ont toutes  beaucoup de choses à dire sur des établissements qu'ils ne fréquentent pas.

 

Et on distingue 3 profils de non-usagers :

- les Défenseurs : de catégorie sociale élevée , habitant en centre-ville qui lisent mais achètent leurs livres. Pensent que les bibliothèques sont pour ceux qui n'ont pas les moyens, pour les enfants ou les gros lecteurs.

 _ Les Zappeurs : sont sans arrêt sur les réseaux sociaux , pour qui la lecture c'est important mais qui ne lisent pas de livre, qui n'y consacre pas  de budget.

- les Outsideurs qui se disent eux-mêmes "hors cible" :" la bibliothèque c'est pas pour nous". Ce sont de petits lecteurs , avec souvent de mauvais souvenirs scolaires et ayant l'idée de la bibliothèque rattachée à l'école.

 

Ces non-usagers distingue 3 types de bibliothèque :

- la grande bibliothèque : bibliothèque municipale de grande ville, un point de repère dans la ville, un lieu connu, jugé souvent architecturalement beau, important mais où on ne va pas, à l'image austère.

- la bibliothèque moyenne , intermédiaire : dans les quartiers des villes , dont le style architectural ne donne pas envie, jugée " pour les enfants"

- le petite bibliothèque : dans les petites villes ou villages , dans la poste ou arrière salle de la mairie : on n'en connaît ni les horaires ni les jours d'ouverture, on ne sait pas à quoi elle sert, si ce n'est pour les enfants.

 

En terme de "valeur" , les propos des non-usagers sont dithyrambiques : c'est valeur de conservation, de musées où l'objet livre est "sacré" , valeur du monument et valeur pour les enfants .

Valeur républicaine aussi , lieu emblématique de la République  mais aucune remise en cause de l'utilité  de la bibliothèque "pour les autres", de l'argent public dépensé par son fonctionnement.

La bibliothèque fait partie des équipements de valorisation du territoire qui signifie que celui-ci n'est pas en perdition.

 Les bibliothèques ne sont pas dans le champ mental des non-usagers, pas d'envie, certains donnent le manque d'accessibilité comme un frein.

D''autres freins sont ceux lié à l'image : système du prêt considéré comme un "enfer" , rappel de la scolarité aux injonctions de lire , image poussiéreuse aussi , renforcée quand on leur parle du prêt de CD et DVD mais, malgré ce constat terrible ressort la valeur indéniable des bibliothèques.

Le constat est donc un déficit de connaissance de ces non-usagers, de ce que peut proposer une bibliothèque .

 pour les non-usagers , la bibliothèque c'est un bâtiment et un fonds mais ce n'est pas un lieu de convivialité, plutôt un lieu frod, d'étude.

Ces non-usagers sont loin de voir les bibliothèques comme des troisième mieux, lieu de rencontre et d'échanges.

 

A nous donc , bibliothécaires, de travailler sur l'image des bibliothèques, et de communiquer sur tous les services, supports, collections que nous proposons....sur la qualité des services aussi , sur la programmation culturelle .