L’apprentissage de la lecture n’est pas qu’une affaire scolaire, il se réalise également en famille. La médiathèque départementale (MD17) aide les bibliothécaires à choisir et recommander des romans “Premières lectures”. Elle appose désormais des pastilles bleues et facilite la recherche sur le catalogue en ligne.
En 2022, certaines bibliothèques du réseau de la MD17 soulèvent leur difficulté de réponse face à l’enfant qui commence à lire, et parfois à ses parents en demande de conseils pour un choix adapté de romans 6-8 ans. Afin de soulager ces bibliothécaires, les premiers romans se voient affublés d’un repère visuel, une pastille bleue (couleur du débutant 😉). Dans le même temps, un nouveau filtre a fait son apparition dans la recherche sur le catalogue en ligne de la MD17. Nommé “Précision”, il propose d’extraire les “Premières lectures” d’une liste de résultats.
Mais la proposition de livres ne déclenche pas, à elle seule, le goût de lire, de s’évader, de développer l’imaginaire, le savoir et la créativité. Cette entrée dans l’autonomie et l’afflux de connaissances doit être motivée par le plaisir et devenir naturelle. C’est pourquoi il est important d’introduire le livre dès le plus jeune âge, prendre la posture de lecteur, décomplexer l’enfant débutant devant certaines difficultés, et partager ces séances de lecture avec les autres membres de l’entourage.
Même si l’enfant franchit l’étape du déchiffrage des panneaux et emballages, il continue à apprécier les lectures à haute voix. Par conséquent, poursuivre ces moments partagés ou passer des textes enregistrés ! Il aura ensuite à cœur de donner lui-même vie à ses histoires préférées, parfois de se perfectionner en demandant de voir ou réentendre des sons, des mots. Le lien entre lire et ressentir se tissera alors naturellement.
L’accompagnement dans le choix et la lecture du roman “Première lecture”
Lorsque le goût de lire est ancré, la technique et le vocabulaire acquis, la lecture solo s’enclenche automatiquement, normalement. L’accompagnement et l’encouragement des adultes restent primordiaux : il faut se montrer fier, disponible et curieux de la sélection d’ouvrages. En effet, l’influence d’une belle couverture peut aboutir à une déception concernant le contenu du récit.
Afin d’éviter un certain découragement, lors du choix du roman, il est essentiel d’échanger avec l’enfant sur l’objet, le titre, les illustrations. Autre conseil, une lecture rapide de l’histoire permet d’évaluer la réponse à l’attente du lecteur débutant, et de le réorienter si nécessaire vers un niveau plus adapté (privilégier les ouvrages avec peu de texte s’appuyant sur des illustrations qui l’enrichissent) et/ou ses domaines de prédilections.
Concernant la lecture, l’intervention de l’adulte peut s’effectuer lorsqu’il bute sur un mot, elle consistera à lire cet élément et, si besoin, en donner la signification. Elle peut aussi s’accomplir sur demande de l’enfant, qui fatigue trop, de terminer le récit. Mais lire ensemble apparaît comme une solution pour arriver au dénouement du roman, l’effort de décryptage sera alors ponctué de pauses sans interrompre le déroulement de l’histoire. Des collections de romans premières lectures en donnent l’occasion :
La collection “Tu lis je lis. Mes romans à lire à 2.” chez Bayard est accessible dès le premier trimestre du CP. Elle contient des aventures à deux voix où un lecteur confirmé lit l’histoire et où l’enfant lit les dialogues spécialement conçus pour lui. Depuis 2021, Casterman sort des titres sous la collection “A tour de rôle. Prem’s (7-8 ans)” où l’histoire se présente sous la forme d’un dialogue pour une lecture alternée.
Pour fidéliser le jeune lecteur et éviter l’ennui, la mission de l’adulte consiste à lui proposer des romans qui respectent son niveau de maturité, qui l’éveillent à des problématiques comme l’amitié (Sélection Vive l'amitié !), qui lui font vivre des aventures donnant envie de tourner les pages. Suivre les péripéties d’un même personnage (Nico, Zappa, Max et Lili, Dagfrid, Lotta, Ourse et lapin, Oscar et Carrosse, Manu et Nono...), dans un univers qui devient au fur et à mesure familier, stimule la poursuite des lectures.
Le choix en librairie ou bibliothèque, un moment privilégié.
Choisir un livre parmi des collections abondantes d’une structure, librairie ou bibliothèque, demande du temps. La première évidence est de diriger l’enfant vers le rayon adapté à son niveau, puis de le laisser libre de sortir des ouvrages, les admirer, les feuilleter rapidement, et enfin de lui demander d’en sélectionner un ou deux.
S’installer ensemble dans le but de lire le titre voire le résumé, dégager les thèmes, comprendre par conséquent l’illustration en couverture, permet d’affiner le choix et de prendre une décision sur l’emprunt ou pas du livre.
Il est important de savoir que la plupart des éditeurs découpent leur collection de premiers romans en trois niveaux qui correspondent à l’évolution de l’année d’apprentissage en CP-début CE1. Par exemple, la collection “premières lectures” chez Nathan comprend « je déchiffre », « je commence à lire » et « je lis comme un grand » ; chez Bayard, “Tu lis je lis” (début CP), “Petit à petit, je lis” (dès 6 ans), “Youpi, je lis !” (réédition de “Mes premiers J'aime lire” dès 7 ans). Chez L'école des loisirs, la collection Mouche rappelle en fin de résumé "Un livre pour les enfants qui aiment déjà lire seuls". Ce niveau avancé a poussé l'éditeur à créer une nouvelle collection se nommant Moucheron destinée aux premiers lecteurs.
Les romans de niveau 1 ont de suite pour objectif la lecture en autonomie. Ils comprennent souvent un texte composé de phrases courtes, parfois les lettres muettes grisées, mais surtout beaucoup d'illustrations pour aider à comprendre les mots compliqués.
Les différents niveaux de chaque collection sont expliqués en général dès l’ouverture du livre. Le jeune lecteur découvre les nouveaux phonèmes ou graphèmes qu’il va rencontrer. À la fin du livre, l’enfant retrouve parfois un lexique avec les mots qu’il a appris dans l’histoire.
Voici en image, les explications de Bordas dans leur collection “Mes premières lectures avec les P’tites poules” ainsi que celles de Belin dans la collection “Mon premier Colibri”.
La lecture solo ne veut pas dire abandon de notre néo-lecteur
Lorsque l’apprenti lecteur, seul, réussit à déchiffrer le texte et comprendre le contexte, il se tourne vers des histoires plus étoffées. Le risque de découragement existe encore à cause de la fatigue que cet exercice de lecture longue engendre.
A ce moment, l’adulte peut lui proposer des livres découpés en parties. Cette construction peut soit l’autoriser à terminer un chapitre et reprendre plus tard, soit le motiver à poursuivre sa lecture, l’action se terminant sur un suspens.
Continuer à suivre le niveau adapté par les collections est primordial. Les illustrations prennent moins de place avec l’évolution mais créent un confort en aérant le texte. Ce récit devient intéressant pour l’enfant lorsqu’il joue avec les mots, les sons, lorsqu’il est drôle ou qu’il rime.
Au fil des lectures, la découverte régulière de différents genres littéraires (enquête, frisson, humour, aventure etc.) affinera les préférences et orientera davantage le choix du jeune lecteur. Le parent ou bibliothécaire sera alors en capacité d’effectuer à l’avance une sélection en accord avec les attentes de l’enfant.
L'intervention de l’adulte reste importante notamment pour poursuivre la lecture à deux en mettant le ton ou lui raconter des histoires. Cela permet à la fois de partager un bon moment, d’évaluer les compétences acquises par l’enfant, et d’accéder à des récits un peu compliqués mais qui l’intéressent.
Féliciter l’enfant le valorise, il devient fier de lire seul. A ce moment, il est intéressant d’intégrer la lecture dans différentes activités : lire les consignes d’une recette lors d’un atelier cuisine, les règles d’un jeu de société lors d’une animation en bibliothèque par exemple, les résumés de films lors d’une sortie ciné, des passages d’une expo lors d’une activité culturelle etc.
L’autonomie du jeune lecteur s’affine avec la liberté de balader, conseiller, prêter, et même donner ses livres. Mais également d’obtenir une carte de bibliothèque à son nom et de disposer de l’espace jeunesse à sa guise après une découverte du classement accompagnée d’un professionnel du livre et de la lecture. Ses choix acceptés et l’autorisation de ne pas finir un livre fera grandir l’enfant encore un peu plus.
Pour terminer, il faut savoir que l'apprentissage du langage parlé se produit naturellement dès qu’un enfant est immergé dans un environnement linguistique, ça résulte vraisemblablement de l’évolution biologique du cerveau humain. Par contre, l'écriture est une invention qui doit être enseignée en exploitant les possibilités du cerveau humain d’où un effort loin d’être anodin.
On dit que “lire c’est grandir”, c’est entrer dans l’autonomie, l’imaginaire, la créativité, mais accompagner l’enfant dans cette étape peut soulager et encourager la mobilisation des forces et ressources nécessaires. Alors à nous de jouer !
Peggy
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