L’alimentation, la relation homme-animal ou la sixième extinction de masse sont des thématiques très fortes aujourd’hui dans l’actualité. Les lecteurs d’une bibliothèque peuvent chercher des informations sur ces sujets afin de démêler le vrai du faux, comprendre certaines différences ou découvrir la signification de nouveaux mots : que veut dire spécisme ou antispécisme, quelle est la différence entre un végétalien ou végétarien ? Si pour des personnes au fait de ces sujets depuis plusieurs années ces termes sont connus, pour le grand public, ils sont encore très obscurs. Les ouvrages du fonds d’une bibliothèque peuvent aider à lever le voile, sans prendre parti mais en essayant d'apporter de la réflexion au débat public.
"Si les animaux ne souffraient pas, dit-on, la question de leur statut moral, celle de notre responsabilité à leur égard, ne se poserait pas davantage que pour les arbres, les légumes, les roches ou les rivières" Jean-Baptiste Jeangène Vilmer dans Éthique animale (PUF, 2008).
Reprenons les bases
Quelle est la différence entre un végétaRIEN et un végétaLIEN ? Que veut dire spécisme ? Et antispécisme ? Tous ces termes qui gravitent autour de la cause animale sont parfois flous, pour comprendre le sujet il est important de savoir exactement de quoi on parle. Ouf les définitions sont ci-dessous !
Flexitarisme : est une pratique alimentaire dont la base quotidienne est végétarienne, mais qui autorise une consommation occasionnelle de chair animale (viande, poisson, etc.).
Végétarisme : Le végétarisme est une pratique alimentaire qui exclut la consommation de chair animale mais tolérant des produits d'origine animale (œufs, lait, fromage, miel)
Végétalisme : Le végétalisme est une pratique alimentaire excluant les produits animaux, aussi bien issus d'animaux morts (viande, poisson, crustacés, etc.) que d'animaux vivants (produits laitiers, œufs, miel, etc.), et éventuellement les produits dont le procédé de fabrication fait intervenir des produits animaux.
Véganisme : Le véganisme est un mode de vie qui refuse l'exploitation des animaux, et exclut la consommation de produits d'origine animale, l'utilisation de tout autre produit issu des animaux, de leur exploitation ou testé sur eux, et plus généralement l'utilisation des animaux dans le cadre des loisirs.
Spécisme : Le spécisme est la considération que l'espèce à laquelle un animal appartient, par exemple l'espèce humaine, est un critère pertinent pour établir les droits qu'on doit lui accorder ou l’égard porté à ses intérêts. Par analogie avec le racisme et le sexisme, c'est un concept créé dans le but de dénoncer une discrimination fondée sur le critère d’espèce.
Antispéciste : Concept apparu à partir de 1970 visant à dénoncer la hiérarchisation des espèces et la supériorité de l’homme sur l’animal. C’est refuser toute attitude discriminante envers un animal, son espèce, y compris l’espèce humaine.
Welfaristes : Le mot est issu de l’Anglais “welfare”, qui signifie “bien-être”. Les welfaristes créent et soutiennent des campagnes visant à améliorer les conditions d’exploitation des animaux, sans toutefois remettre en question cette exploitation.
Sentientisme : C'est un concept de philosophie éthique qui place les individus sentients (c'est-à-dire les êtres conscients) au centre de notre sphère de considération morale. Tant les humains que les autres individus sentients ont des droits et/ou des intérêts qui doivent être pris en compte.
Les animaux dans la loi
Jusqu’en 2015, l’animal était considéré comme un " meuble dénudé de sensibilité ". Oui, oui, le code civil français présentait nos amis à plumes, poils et écailles comme des “ biens meubles ” à l’identique d’une chaise ou d’une table ! Ce n’est que le 17 février 2015, donc il y a seulement 7 ans ; qu’ils ont enfin été reconnus comme des " êtres vivants doués de sensibilité ". Pour tous les protecteurs de la cause animale cette loi modernisant le statut juridique fut une grande étape franchie.
Dorénavant en France, le Code Civil, Pénal et Rural reconnait l’animal comme un être sensible, cela permet à la justice de travailler correctement sur la question du bien-être animal.
Le 30 novembre 2021, cela va plus loin, la loi "visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et l'homme", a été promulguée. Nouvelle étape dans la protection des animaux.
Une des mesures consiste à lutter contre les abandons des animaux domestiques en interdisant la vente en animalerie, la cession sur internet, ou la vente à des mineurs et ce pour éviter l'achat compulsif ou non réfléchi d'animaux domestiques.
Les futurs propriétaires devront signer un certificat d’engagement et de connaissance avant tout achat d'animaux, avec 7 jours de délai de réflexion.
La législation sur les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) et les équidés se renforce également.
La deuxième mesure phare, est de renforcer les sanctions contre la maltraitance des animaux domestiques. Les peines sont aggravées en cas d'abandon, de torture ou de maltraitance. De nouvelles dispositions viennent également mieux réprimer la zoophilie et la zoopornographie sur les animaux domestiques.
Enfin, la troisième mesure, qui a fait couler beaucoup d'encre, est l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques itinérants et les delphinariums. En 2028, la détention d'animaux sauvages dans les cirques sera interdite, la date est avancée à 2026 en ce qui concerne les dauphins et les orques. Pour finir, il est mis fin aux élevages de visons d’Amérique et d'autres espèces sauvages pour la fourrure.
La cause animale dans la campagne électorale des présidentielles 2022
Le succès surprise du parti animaliste lors des élections européennes, presque 2,2 % des votes (quasi autant que le parti communiste) à fait sursauter les partis classiques les obligeant à s’intéresser au sujet du bien-être animal.
Tous les candidats ou (quasi) intègrent maintenant la cause animale dans leur programme, pas bêtes 😉 ils ont bien compris que les Français s'en préoccupent de plus en plus. Ils parlent corrida, foie gras, animaux dans les cirques, scandales dans les abattoirs, etc.
Selon un sondage IFOP de 2022, 86% des interrogés souhaitent que les candidats à l'élection présidentielle présentent des mesures visant à améliorer la condition des animaux.
Et 69% considèrent que le « bien-être animal » est un thème de campagne électoral important au même titre que l'écologie, la sécurité, l'économie ou le pouvoir d'achat.
Un site internet recense tous les candidats à la présidentielle et permet de découvrir leur position et engagement pour les animaux. Les candidats sont évalués sur 6 axes :
- Sortir de l’élevage intensif en mettant fin sous 10 ans aux élevages privant les animaux d’accès au plein air
- Mettre fin à la pêche industrielle ( navires de plus de 12 mètres) sous 10 ans
- Démocratiser l’alimentation végétale en réduisant de moitié en 5 ans la consommation de viande, de poisson, d'œufs et de produits laitiers et en popularisant les alternatives végétales
- Agir pour les animaux en tant que mouvement politique
- Créer un ministère de la condition animale en charge de la protection des animaux domestiques (élevage, compagnie, expérimentation, corrida...), liminaires (rats, pigeons...) et sauvages (captifs ou non)
- Porter la condition animale dans le débat public et s'engager sur les mesures favorables aux animaux portées par des ONG dans l'élection présidentielle
Tous les détails de la démarche, et le classement (évolutif) des candidats à la présidentielle 2022 sur la cause animale à retrouver ici.
Les animaux dans les bibliothèques
" De tuer les animaux à tuer les hommes il n'y a qu'un pas, tout comme de faire souffrir les animaux à faire souffrir les hommes." Leon Tolstoi
Ces dernières années notre façon de voir les animaux a subi une profonde évolution. Ce changement de paradigme a permis de repenser la façon de consommer, a modifié les lois françaises, mais aussi certaines pratiques culturelles, un bouleversement éthique, politique et philosophique.
La cause animale alimente la réflexion des chercheurs, philosophes mais aussi auteurs de fiction. Avant de lever des boucliers, il faut comprendre et donc y être sensibilisé. La littérature prend donc toute sa place ici.
Les auteurs engagés pour la cause animale
Peter Singer est un philosophe australien. Son livre La libération animale ( 1993) est reconnu pour être le premier à développer les mouvements modernes de droits des animaux, il y argumente contre le spécisme et en faveur du végétarisme voir du véganisme.
Essai fondateur du philosophe australien sur l'éthique animale. Il démontre que la capacité de souffrir des animaux impose à l'homme le respect de leurs droits.
Présentation des habitudes de consommation alimentaire et des méthodes de production des sociétés modernes, et réflexion sur les choix des consommateurs, le commerce équitable, les OGM, l'agriculture, le véganisme et les nouveaux modes de consommation éthique.
Le philosophe australien retrace l'action du militant du droit des animaux américano-belge Henry Spira (1927-1998). Il propose un modèle inspirant fondé sur les principes et les méthodes de l'activisme prôné et éprouvé par Spira pour bannir l'utilisation des animaux dans les tests industriels.
Boris Cyrulnik, est un médecin, neuropsychiatre et psychanalyste français. Auteurs de nombreux livres.
Mathieu Ricard, moine bouddhiste, humanitaire, auteur de livres, il est l'auteur de nombreux ouvrages
Valerie Giroux est une chercheuse en philosophie et militante pour les droits des animaux québécoise. Autrice d'ouvrages documentaires.
Souvent réduit à un régime alimentaire particulier, le véganisme est surtout un mode de vie. Les dernières découvertes en matière de nutrition et en sciences de l'environnement accompagnent la sensibilité des consommateurs vis-à-vis de l'exploitation des animaux.
Partant du principe que les animaux méritent de ne pas souffrir, de rester en vie et en liberté, l'auteure, coordonnatrice du Centre de recherche en éthique à l'Université de Montréal, propose dans cette enquête philosophique, de reconnaître leur personnalité morale et juridique.
L'auteure présente le courant de l'antispécisme, qui a pris de l'essor depuis le milieu des années 2010 grâce au développement du végétarisme et du véganisme, montrant qu'il est avant tout une base de réflexion éthique et politique. Elle explique en effet qu'en remettant en cause le suprémacisme humain, les antispécistes proposent un monde plus juste.
Didier Van Cauwelaert, prix Goncourt en 1994, est aussi un ardent défenseur de la cause animale.
Yann Arthus Bertrand, photographe, réalisateur et militant écologiste est un grand amoureux des animaux.
Aymeric Caron, journaliste et auteur, militant écologiste et de la cause antispéciste.
Camille Brunel, écrivain, journaliste, critique de cinéma, militant de la cause animale et du véganisme.
Elisabeth de Fontenay, grande philosophe de la cause animale.
Prix littéraire abordant la cause animale
Créé en 2019 pour mettre en valeur des ouvrages de fiction faisant avancer la cause animal. L’association Educ Pop Animaliste est l’organisatrice du prix littéraire Maya. Il récompense trois ouvrages : un roman, un livre jeunesse et une bande dessinée. Les ouvrages sélectionnés correspondent aux critères suivants :
Mise en avant d’une réflexion sur un sujet concernant la cause animaliste.
Valorisation de cette cause par l’originalité, la qualité, l’authenticité, la culture, l’accentuation sur le rôle des acteurs.
2019
2020
Insolente veggie de Rosa B. Une bande dessinée sur le quotidien des végétariens, des végétaliens et des végans, invitant à une réflexion sur leurs relations aux autres, sur leur rapport à l'écologie, sur le spécisme et l'antispécisme ou encore sur les abattoirs et l'éthique animale.
2021
Les aventures du célèbre équipage du Sea Shepherd, sillonnant la mer de Cortez pour mettre fin au braconnage de deux espèces animales en danger critique d'extinction : le totoaba et le marsouin vaquita.
Dans sa ferme de Caroline du Sud, Sarah, une veuve sans argent craignant de manquer d'instinct maternel, élève seule un fils qui n'est pas le sien. Apprenant qu'un garçon a gagné 680 dollars à une foire grâce à un boeuf, elle inscrit son enfant au concours et se procure un veau. Lorsque la mère de l'animal brise sa clôture pour rejoindre son petit, Sarah décide de la garder. Premier roman.
Le Prix littéraire 30 Millions d’Amis.
Créé en 1982, récompense chaque année un roman ou un essai, où l'animal est à l'honneur, qu'il soit ou non le sujet principal de l'œuvre.
2018
Solange te parle Autoportrait en chienne. S'appuyant sur la relation établie avec sa chienne Truite, la youtubeuse raconte, non sans humour, son quotidien et traite de ses sujets de prédilection : l'inadaptation, le féminin, la séduction, la confiance en soi.
2019
2020
Le petit chat est mort de Xavier de Moulins. L'écrivain et journaliste raconte comment il a annoncé à ses filles la mort de leur petit chat ainsi que l'émoi provoqué par la nouvelle.
2021
L’os de Lebowski de Vincent MAillard. Récit à la première personne de Jim Carlos, jardinier travaillant au Prés Poleux, la propriété de la famille Loubet, qui disparaît le 12 septembre 2020, à l'âge de 52 ans. Arnaud Loubet, rédacteur en chef à la télévision, et sa femme Laure, professeure d'économie dans l'enseignement supérieur, semblent avoir partie liée à la disparition. Le cahier de la juge Carole Tomasi explore cette piste.
Bibliographie en non-fiction :
Bibliographie en fiction :
Sources :
Présidentielle 2022 & Animaux (politique-animaux.fr)
Les Français et le bien-être des animaux – Vague 5 (2022) (politique-animaux.fr)
Accueil - Literature.green - Littérature, environnement et écologie. Un site d'écopoétique
La littérature et la condition animale (franceculture.fr)
Sensibiliser à la cause animale (franceculture.fr)
