Le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu sera le Président du Jury du Festival de Cannes dont la 72e édition se tiendra en mai prochain, l'occasion de faire un tour de sa filmographie ambitieuse et poignante !
« Pour moi, le cinéma c'est l'océan. C’est une forme infinie d’expression humaine. Depuis 120 ans que nous faisons des films, nous sommes toujours sur la plage à nous éclabousser dans les vagues et je crois qu’il reste beaucoup à explorer dans les profondeurs. » Alejandro González Iñárritu
Bien souvent peu connu du grand public, le nom d'Alejandro González Iñárritu suscite interrogations et regards dubitatifs pourtant, sa filmographie est loin d'être inconnue. Du prodigieux Birdman au viscéral The Revenant, l'artiste mexicain est un véritable virtuose de la mise en scène tant avec ses plans séquences mémorables, qu'avec ses plans minutieusement choisis d'une grande poésie.
Pour seulement six long-métrages, Alejandro Inarritu a raflé 5 Oscars, 1 Palme d'Or et a réussi à être nommé aux Oscars pour chacun de ses films, pas mal !
A 56 ans, Alejandro Gonzalez Iñarritu présidera en mai le jury du 72e Festival de Cannes, un hommage au cinéma mexicain, soulignent les organisateurs : «C’est la première fois que le jury du Festival de Cannes sera présidé par un artiste mexicain » Pierre Lescure
Tour d’horizon d’une filmographie hors norme.
Amours chiennes (2000)
Synopsis : Mexico. Un tragique accident de voiture. Les extrêmes de la vie, sous l'angle de trois histoires radicalement différentes: Octavio, un adolescent qui a décidé de s'enfuir avec la femme de son frère; Daniel, un quadragénaire qui quitte sa femme et ses enfants pour aller vivre avec un top model; El Chivo, un ex-guérillero communiste devenu tueur à gages, qui n'attend plus rien de la vie.
Amours Chiennes est un film qui reflète avec réalisme et crudité le chaos de la ville Mexico. Film puissant évoquant la rédemption, la complexité et la vulnérabilité de l'expérience humaine.
« Un premier long métrage ample et maîtrisé, l'une des grandes révélations du dernier festival de Cannes. » Le Monde
21 Grammes (2003)
C'est le 2ème volet de la trilogie d'Alejandro González Iñárritu, après Amours chiennes (2000) et avant Babel (2006).
Synopsis : Un accident va rapprocher un homme en attente d'une transplantation, une ex-junkie mère de deux enfants et un ancien détenu qui découvre la foi.
Sous la forme de 3 récits de personnages sans lien aucun, Iñárritu tourne ici un film bouleversant mettant en image des actions impactant la vie d'inconnus, montrant ainsi l’interconnexion entre chaque individu.
Prodigieusement interprétés par une fragile Naomi Watts, un émouvant Sean Penn et un ahurissant Benicio Del Toro !
« Puzzle virtuose qui place le spectateur en état de choc» Le Nouvel Observateur
Babel (2006)
"A travers ce film, je voulais englober toute l'idée de la communication humaine, ses ambitions, sa beauté et ses problèmes " Alejandro González Inárritu
Synopsis : Armés d’une carabine Winchester, deux jeunes Marocains surveillent le troupeau de chèvres familial. Dans le calme de l’immensité désertique, ils décident de tester l’arme. Mais la balle va bien plus loin qu’ils ne l’imaginaient. En un instant, les vies de plusieurs groupes d’étrangers, sur trois continents différents s’entrechoquent : un couple d’Américains, une adolescente rebelle Japonaise et son père, une nurse mexicaine qui, sans permission, fait traverser la frontière à deux enfants…
Reprenant la forme dite "puzzle" des précédents volets de la trilogie "Amours chiennes" et "21 grammes", Babel est un film où Inárritu, ingénieux, nous délivre un récit poignant, habilement mené et prenant de bout en bout.
A noté, outre Brad Pitt, Cate Blanchett et Gael Garcia Bernal, l’intégralité du casting est tenu par des amateurs, assez rare pour le souligner !
« En dépit de la durée, le rythme ne retombe jamais, les scènes d'action alternant habilement avec des séquences plus contemplatives. Le film touche au sublime lorsque la caméra s'attarde sur des détails , des visages et des paysages. » Le Parisien
Biutiful (2010)
Synopsis : Uxbal est un père dévoué et un fils désemparé. Intermédiaire de l'ombre et proche des disparus, il tente de survivre au coeur d'une Barcelone invisible.
Toujours friand d'émotions fortes, Inaritu signe là un très beau film touchant sur la paternité, vue sous tous ses angles. Un excellent Javier Bardem, jouant le père de famille, récompensé à juste titre pour son interprétation au festival de Cannes 2010.
« Le réalisateur mexicain a deux atouts dans sa manche: Javier Bardem et le fantastique. Le premier porte le film sur ses épaules avec une gravité déchirante. Le second sort Biutiful de son carcan social et éclabousse le film d'une étrange beauté. » Première
Birdman (2014)
Alejandro González Inárritu revient avec Birdman, questionnement autour du succès et de son éphémérité.
Synopsis : Riggan Thomson, acteur autrefois célèbre pour avoir joué un super-héros, tente de retrouver sa célébrité en montant une pièce à Broadway. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...
Mise en scène bluffante ! Entièrement filmé en plans séquences fluidement assemblés, Inaritu montre ainsi la pression entourant le metteur en scène et ses acteurs se lançant dans un tel projet.
Ça impressionne et ça déménage avec des acteurs impressionnants : Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts.
« Le réalisateur mexicain réalise un tour de force avec son (faux) plan-séquence, qui donne donc la sensation que le long-métrage a été film en une seule fois, sans coupures. C’est beau, mais surtout brillant, car cela donne l’impression que tous les moments sont connectés les uns aux autres. » Elle
The Revenant (2015)
Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
Un tournage s’étalant sur 11 mois (au lieu de 2 mois ½ initialement prévus), 5 ans de recherche de paysages, uniquement filmé à la lumière naturelle, ce film à des airs d’œuvre titanesque. Ici, tout est affaire de violence, de hargne, de survie et de vengeance. Véritable renaissance dont cette vendetta sera le seul moteur et la seule raison d'être. Histoire adaptée du roman éponyme de Michael Punke, l'adaptation d'Alejandro González Inárritu est bluffante de par l'interprétation de Léonardo Diccaprio et de Tom Hardy mais aussi avec ces paysages à couper le souffle ! Film où la relation entre l’Homme et la Nature résonne fortement.
« Ces paysages sont des personnages à parts entières dictant l’état émotionnel et la narration du film. » Alejandro González Inárritu
« Une longue odyssée sauvage, vertigineuse et spectaculaire, organique, lyrique et spirituelle. » Voici
« Aucun doute : "The Revenant" marque d’une pierre blanche la rencontre foudroyante entre un acteur de folie et un cinéaste en état de grâce. Chacun sert et inspire l’autre dans une espèce de flux-tendu qui nourrit l’appétit d’ogre de ce survival.» Metro
Au passage, on ne se lassera pas de réécouter le speech poignant de Léonardo Diccaprio lors sa récompense aux Oscars ! :)
Retrouvez toute sa filmographie ici :
Noé