Une bande dessinée détonante, parue chez Dargaud, prévue en 4 tomes (et déjà 2 dans nos bacs !). A vrai dire, c'est la couverture flashy et la vision d'un samouraï à tête de robot qui m'ont attirée et intriguée de prime abord.
Je ne suis pas particulièrement férue de ces univers habituellement mais là je dois dire que j'ai été séduite ! Deux premiers tomes, ou plutôt deux actes, sont donc sortis depuis 2021, sur une prévision de quatre.
L'histoire se déroule dans un Japon futuriste, en 2241, et postapocalyptique (enfin pas si "post" que cela, vous verrez...). Sur une île, des robots vivent dans un ancien parc d'attraction en ruines, où la nature a repris ses droits mais où ils semblent évoluer de manière autonome. Au tout début du tome 1 "Silence métallique", on découvre, sans paroles et sans contexte, deux robots qui s'affrontent puis se saluent à la manière de samouraïs. Peu après, l'un deux découvre un enfant et son père poursuivis par une troupe de soldats. En l'absence d'indications (ni en cartouche, ni en récitatif) autres que les échanges entre les personnages, le contexte est véritablement mystérieux.
Le robot, ou "yojimbot" (contraction entre "yojimbo" qui signifie "garde du corps" en japonais et "robot"), va prendre leur défense, sauver l'enfant dénommé Hiro et le prendre sous son aile pour l'aider à réaliser son but. Progressivement, on comprend qu'Hiro et son père se sont échappés du "terminal", là où seraient contraints de vivre les humains depuis qu'on leur aurait fait croire que l'air sur Terre est irrespirable. D'autres robots vont rapidement rejoindre le premier pour protéger l'enfant dans son périple, formant une équipe de choc. Hiro veut tenter de rejoindre la Tour 4, à l'autre bout du parc, où il espère retrouver des amis de son défunt père. Mais il est sans cesse poursuivi par de terribles ennemis, dont on ne sait s'ils sont humains, robots, ou les deux à la fois, et qui cherchent à le détruire. Il en découle des scènes de combats époustouflantes. Vu la fin du premier tome, et le suspens entretenu, j'étais contente d'avoir le tome 2, "Nuits de rouille", sous la main. Très réussi aussi, il nous apporte de nouveaux éléments et rebondissements dans cette situation, bien qu'elle soit toujours entourée de zones d'ombres et de mystères.
Cette bande dessinée, la première pour son auteur Sylvain Repos, est marquante par ses inspirations multiculturelles. Son univers évoque à la fois celui des mangas, des jeux vidéo, du cinéma d'animation japonais ou encore celui des comics américains.
Le travail du coloriste Noiry est incroyable. Le découpage varié et dynamique des planches accentue le rythme effréné du récit qui nous tient en haleine. L'auteur nous laisse tout de même respirer de temps en temps pour faire un focus sur un détail, un mouvement, ou nous faire admirer un paysage, parfois sur une double page. Pour moi, cela apporte un peu de répit (d'espoir ?) dans ce chaos mais surtout cela participe à la création d'une ambiance réussie et à la transmission d'émotions fortes. En tout cas, cela nous en met plein la vue. Sa réussite tient aussi à sa capacité d'humaniser ces robots. Par leurs comportements, et un certain humour parfois, il les rend particulièrement attachants, admirables par leur loyauté et leur fidélité, qualités liées aux samouraïs.
Nul doute que cette BD saura séduire un large public, des adolescents aux adultes. A noter, elle a obtenu le Fauve des lycéens 2022 au festival de la BD d'Angoulême.
Ici lire un extrait de cette BD sur le site de l'éditeur Dargaud
Emeline-MD17 / Novembre 2022